En ces temps plutôt troublés, je me suis posé la question de ce qui avait pu amené les hommes à une telle situation. La réponse s’avère bien difficile à trouver. Après avoir prié et médité, j’en suis arrivé à une conclusion.
Et si la solution à tous les problèmes de ce monde ne se trouvait pas dans le monde de l’Amour et de l’unité, un monde où il n’y aurait pas de problèmes ? A de nombreuses reprises, dans les Saintes Ecritures, on insiste sur la nécessité pour nous de vivre dans ce monde de l’Amour, avec le Christ, de nous immerger dans cette conscience qui embrasse tout et de nous y maintenir.
Pour cela, nous devons nous débarrasser de la crainte, « car celui qui craint n’est pas parfait en amour », nous dit Saint Jean dans sa Première Epître. Si nous ne pouvons voir Dieu (car « Personne n’a jamais vu Dieu »), du moins, pouvons-nous le trouver dans nos frères. Car Dieu peut résider dans chacun d’entre eux. Tout ce passage si clair de cet épître ne peut se comprendre que si nous admettons cette présence réelle de Dieu dans tous les êtres et non seulement dans les créatures humaines.
La présence de Dieu doit être universelle ou alors, l’existence de l’univers n’a pas de sens comme tel. Bien des penseurs chrétiens, surtout dans l’Église d’Orient, ont eu cette idée que la création était comme un tout, et que toute cette création devait être portée à son degré le plus parfait pour que l’élévation de l’homme à la divinité prenne place dans une apothéose générale de gloire.
Dans ce monde moderne promis au matérialisme et à la lutte entre les hommes, ce monde qui doute de l’existence de Dieu, comment pouvoir parler de Dieu comme Amour ? N’est-ce pas le problème causé par la dysharmonie apparente du monde qui permet au méchant de triompher, alors que l’innocent est accablé, qui a poussé les hommes de notre occident chrétien à se révolter et à douter ?
Diderot, l’un des athées les plus virulents du 18è siècle, a posé le problème dans sa « Lettre pour les aveugles ». Il est certain que, pour ceux qui n’ont pas su trouver en eux, par leurs expériences spirituelles, en dehors d’eux par une plus juste compréhension des réalités qui se cachent sous les apparences, pour ceux qui croient en un Dieu Créateur extérieur au monde et extérieur à l’homme, un Dieu auquel on reconnaît les attributs de la toute puissance et de la compassion infinie, de la justice, il y a lieu d’être troublé et de se demander comment Dieu nous aime et comment on peut avoir confiance dans nos destines morales et spirituelles.
Combien différente est notre vision du monde, comme elle nous fait comprendre et tout accepter… Dieu n’est pas extérieur au monde. Le monde n’est pas comme un objet que le potier a formé et qui depuis n’a plus besoin de celui qui l’a fait. L’homme n’est pas un étranger à Dieu, un enfant d’adoption qui n’est jamais certain d’avoir mérité de s’appeler un Fils. La destinée n’est pas un hasard incontrôlable et incompréhensible, devant lequel Dieu lui-même est sans ressources.